Le blog, c'est fini...
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A bientôt
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Peur dans
la nuit
Pascaline VIOLON - 05 janvier 2023
..."Dans le secret des arbres"
Je
t’aperçois au loin et je m’approche. Je viens vers toi. Tu es là, majestueux,
ancré dans le sol. Nul ne peut passer à côté de toi sans te voir. Nul ne peut
nier ton existence. Tu es là depuis plus d’un siècle. Tu contemples le monde.
Tu seras encore là après mon passage sur ce chemin et nul doute que tu seras
encore là après ma mort.
Je te
fais face maintenant et je te regarde. Je me sens toute petite à côté de toi,
fragile. Je pose ma main délicatement sur ton tronc rugueux et je ressens
immédiatement les épreuves de la vie, de Ta vie, sous tes aspérités. Je sais
que c’est inutile, mais instinctivement, j’approche mon oreille et j’écoute. Je
T’écoute. Tu es aujourd’hui le seul arbre au milieu de ce champ cultivé. Et
c’est un miracle que tu sois toujours debout. En effet, à une époque bien plus
lointaine, tu as vu les hommes creuser des tranchées et enterrer des mines tout
autour de toi. Ta première réaction a été l’incompréhension. Que se
passait-il ? Quelle était cette agitation ? Tu as assisté, impuissant,
à la modification du paysage. Adieu fleurs sauvages, herbes folles et autres
oiseaux. C’était la fin des sons et de la vie de la nature. A la place, tu as
vu des hommes prendre place dans les tranchées, s’y entasser, s’y disputer, s’y
affamer… s’y perdre et perdre leur humanité. Tu les as vus s’entretuer.
Pourquoi ? Le mystère reste entier pour toi. Tu les as bien entendus
parler de guerre, de batailles, de victoires. Ils n’avaient que ces mots-là à
la bouche. Mais partout autour de toi, il n’y avait que des cadavres. Tout
n’était que mort et désolation. Plus aucun souffle de vie. Seules tes racines
encore jeunes mais déjà profondément ancrées dans le sol te ramenaient alors à
ta vie et à ton humanité. Tu t’es accroché à cette vie comme personne, au
milieu de ce décor funeste. Tu t’es tourné vers le ciel, la lumière et tu as
grandi. Puis la guerre a fini par cesser. Les soldats sont rentrés chez eux et
les années ont passé. La nature a repris ses droits et les paysans leurs cultures.
Les oiseaux sont revenus fabriquer leur nid au creux de tes branches. Des amoureux
sont venus s’enlacer à tes pieds. La vie a repris son cours normal dans une
force incroyable. Et tu as fini pas oublier pour te concentrer sur cette vie,
plus forte que tout, qui coule à chaque instant dans tes veines. La Vie.
Pascaline VIOLON 13/01/2021